TDS Voyage - Tourisme équitable et solidaire
Yourtes et chevaux au Kirghizistan - Tourisme solidaire
Quotidien d’une guide au Kirghizistan

La saison touristique est intense, 24/7, horaires décalés, de nouvelles et anciennes rencontres, la découverte des cultures et des lieux, la nature, le partage, les émotions … la vie d’une vraie nomade… J’adore ! Je viens de terminer un séjour à pied de 15 jours et je dois repartir à nouveau pour 15 jours de randonnée, cette fois à cheval. J’aime bien alterner les deux types de séjours. Je ne connais pas les nouveaux arrivants, sauf les prénoms. Je suis curieuse et je prie mon étoile pour qu’ils soient gentils et que le voyage se passe bien. Comme le fait aussi ma maman avant chacun de mes départs.

Mira et Gulzada - Tourisme solidaire et équitable
Groupe de voyageurs au Kirghizistan - TDS Voyage

Préparation d’une randonnée à cheval au Kirghizistan

Je prépare l’équipement pour la randonnée. Il faut être rigoureuse, ne rien oublier, que tout soit en bon état pour ne pas avoir de soucis pendant le voyage. Les tentes, les selles et les sacoches, la bonbonne de gaz, l’équipement de cuisine sont en place. Il me reste à faire une liste des menus pour les repas, mais j’attends d’abord de rencontrer les voyageurs pour leur demander. Après avoir accompagné plusieurs groupes de voyageurs, j’ai compris que l’estomac français était fragile, il y a des végétariens, les intolérances, les allergies et encore beaucoup de choses. Comme c’est moi qui cuisine pendant les randonnées, l’alimentation est l’un des thèmes importants à aborder avant partir en circuit. J’adore mon métier et je veux que tout se passe bien, que les gens repartent le ventre bien rempli, heureux, enrichis, détendus et amoureux de mon pays et de mon peuple.

Une voiture nous accompagne pour la première étape. Notre chauffeur Ahmad baïké (baïké signifie frère : selon les traditions kirghizes par respect aux personnes âgées, les jeunes doivent ajouter au prénom le mot « baïké », frère pour les hommes, et « éjé », sœur pour les femmes), un monsieur très gentil et toujours joyeux rejoint notre équipe. Il parle russe et kirghize, mais pour lui, ce n’est pas une barrière pour échanger. Par gestes, mimiques et quelques mots en anglais il raconte ses histoires et blagues. L’ambiance est conviviale, Ahmad baïké met sa « Play list » kirghize (que j’ai écoutée pendant tout l’été), et de sa jolie voix accompagne les chants. On rigole, on chante en profitant des paysages qui animent notre trajet.

Randonnée à cheval au Kirghizstan - TDS Voyage

Sur la route, on s’arrête au marché local pour acheter les provisions. Les voyageurs sont très contents, le sourire sur le visage et les yeux pleins d’interrogations… J’aime bien amener mes voyageurs au marché. Je trouve que c’est la meilleure façon de faire découvrir la vie quotidienne des locaux et puis c’est toujours convivial de se retrouver au milieu des rayons multicolores avec les arômes épicés, sucrés et fruités. Tous les curieux du marché viennent parler avec les voyageurs en posant des questions sur leur âge, leurs métiers, d’où ils viennent et s’ils sont mariés, pour quelles raisons ils sont là et beaucoup d’autres questions. Même si je pourrais répondre moi-même, j’essaye de mettre en contact direct les voyageurs et les locaux, je traduis chaque phrase à chaque nouvelle rencontre pendant tout le voyage. Chaque rencontre est différente, tout commence par les phrases banales et tu finis en découvrant les histoires incroyables.

Voyageurs au marché de Bichkek - TDS Voyage
Spécialités kirghizes au marché de Bichkek - TDS Voyage

Randonnée en itinérance au Kirghizistan, on admire les grands espaces

Notre randonnée en itinérance commence par la vallée de Soussamyr, une vaste étendue de prairies à 2 000 mètres d’altitude, entourée par des sommets cotonnés de neige éternelle. Des milliers de chevaux, de vaches et moutons paissent en savourant l’herbe grasse des alpages, les petites yourtes blanches ressortent comme des edelweiss dans chaque vallée, les ruisseaux et les torrents chantants descendent des glaciers en produisant les sons magiques de la nature.

À quelques heures de la ville, il y a un autre monde, beaucoup plus authentique et serein. Je me sens paisible et le monde s’arrête. Les voyageurs sont émus et émerveillés. Je vois leurs yeux éblouis. Avec chaque sourire admiratif des voyageurs, je tombe amoureuse de plus en plus fort de ma terre kirghize. Même en faisant le même circuit depuis plusieurs années, je ne cesse jamais d’admirer la beauté de mon pays et la générosité de mon peuple. C’est avec les étrangers que j’ai un autre regard et une autre réflexion après chacun de mes voyages.

Moutons dans la vallée de Soussamyr - TDS Voyage

En fin d’après-midi, nous installons nos tentes dans un joli endroit de la vallée au bord de la rivière. Je commence à cuisiner le repas du soir. Joanna et Laura, deux voyageuses, viennent me rejoindre après une petite balade champêtre autour du camp. Au menu, un plat kirghize, « Dymdama », à base de légumes et de bœuf découpés en gros morceaux, que je cuis à la vapeur. Pendant la cuisson, nous discutons sur la culture kirghize et française, on trouve les différences et similitudes de ces cultures tellement différentes. Je les étonne avec le mode de vie et certaines traditions qu’elles trouvent incroyables. Toutes les trois, nous sommes du même âge, mais j’ai l’impression d’être loin de leur culture et de mode de vie

Le soleil se couche doucement et la température commence à se rafraîchir, Talant notre guide cavalier nous rejoint juste avant le repas accompagné par six chevaux, dont un cheval de bât qui portera les bagages. Talant est un jeune papa de 4 enfants. Éleveur et passionné, il va nous accompagner en toute sécurité sur les sentiers des bergers.

Campement dans la vallée de Suussamyr - Tourisme équitable

La vie nomade au Kirghizistan

Les jours à cheval sont riches en émotions, nous traversons d’immenses vallées et des cols, de temps en temps, quelques-uns d’entre nous profitent des prairies vastes pour partir au galop, on s’envole avec nos chevaux « célestes », eux-aussi contents d’avoir la liberté de l’espace. Sur le chemin nous croisons les bergers avec des centaines de moutons. Ils sont toujours bienveillants, parfois ils nous accompagnent pendant des heures, racontant leur quotidien. En traversant les vallées, nous croisons les familles nomades, les enfants avec leurs pommettes rouges (signe de bonne santé et bonne alimentation chez les kirghizes), les femmes avec de petits foulards sur la tête et des gilets traditionnels en velours de teintes rouges, occupées au foyer. Les hommes ont toujours une paire de jumelles en main pour observer les troupeaux.

Ils nous invitent à boire le Kymis (lait de jument fermenté, boisson traditionnelle des nomades), parfois on reste même pour manger. En partant, la maîtresse de la yourte remplit nos poches avec des Kuruts (petites boules de fromage de lait caillé de vache, salé et séché), je les appelle les « bonbons » kirghizes.

Voyageurs randonnant à cheval en Kirghizie - TDS Voyage
Le "coeur brisé" au Kirghizistan - TDS Voyage

On savoure les rencontres… et la cuisine Kirghize

J’apprécie énormément le comportement de mes voyageurs, souriants, respectueux, même s’ils n’aiment pas toujours tout ce que les nomades proposent à manger. Ils essayent de goûter sans refuser. Les kirghizes sont réputés pour leur hospitalité et leur bienveillance, ils aiment accueillir les gens chez eux et font tout leur possible pour que les invités soient contents et se sentent à l’aise. Parfois, on se fait arrêter par une famille de bergers. On s’installe devant la yourte sur l’herbe, la maîtresse de maison sort sa petite table, sert du pain tout frais, la crème fraiche du matin, de délicieuses confitures maison, du beurre, du thé et bien sûr du Kymis… « Même si tu n’a pas faim, tu vas faire ta gourmandise » (au Kirghizstan, ne pensez pas que vous allez maigrir même si vous grimpez les cols d’altitude, avec la nourriture riche et fraîche du pays, c’est presque impossible…).

Déjeuner kirghize - Tourisme équitable et solidaire
Plats kirghizes - Tourisme solidaire et équitable

On s’amuse, on joue, on chante….

Comme de vrais nomades, pendant la journée, nous traversons les vallées, grimpons les cols. On s’arrête chez les bergers, on fait la sieste au bord des petits lacs de montagne pendant que nos chevaux « font leur gourmandise » en broutant une herbe succulente. Chaque jour, en fin d’après-midi, on installe notre campement dans des endroits toujours majestueux. Talant, nous apprend à jouer au « Dourak », un jeu de carte qui signifie « stupide »… Les voyageurs apprennent vite, et tous les soirs nous jouons sous la tente à la lueur de nos lampes frontales.
À force d’accompagner les groupes francophones, Talant a appris quelques mots et phrases en français, et il nous fait des blagues ou devinettes … Pour moi, ce n’est pas toujours facile à traduire en transmettant le même humour…

Femmes kirghizes qui rient - Tourisme solidaire

Heureusement, les voyageurs aussi aiment apprendre le vocabulaire kirghize. Pour exemple, Laura et Joanna ont réussi apprendre une chanson :
Aï tchykty karatchy, aïdan biz jaraldyk
(Regarde la lune est apparue, c’est elle qui nous a créé)
Aï nourou togulgon, altyndaï balalyk
(Notre enfance en or, comme les rayons lunaires)

Je suis trop fière d’elles, à chaque rencontre avec les habitants, je leur ai demandé de chanter cette petite chanson. Comme dans beaucoup de pays, les kirghizes sont heureux d’entendre un étranger qui tente de parler leur langue. Certains rigolent, certains applaudissent, d’autres crient « Azamat » (Bravo en kirghize). Les filles rougissent mais semblent contentes. Ce genre de scènes et des visages apparaissent souvent dans mes souvenirs, ce sont des moments inoubliables et qui font chaud au cœur.

Gulzada, Laura et Joanna à Song-Kul - TDS Voyage

Sous la yourte, on apprécie la vie chez les familles…

Les séjours chez les familles dans les villages et chez les nomades sont toujours conviviaux. Étant moi-même kirghize, à chacun de mes voyages, j’apprends de nouvelles choses sur ma culture et sur l’histoire de mon pays. Comme déjà évoqué, les kirghizes sont très accueillants, les visiteurs sont accueillis en hôtes de marque. La table est remplie de gourmandises… tu ne sais même plus où poser ton assiette, les lits sont faits de plusieurs matelas de laine décorés avec les tissus de velours et recouverts de grosses couettes. On passe la soirée avec toute la famille en chantant, en dansant, en regardant les photos. Dormir sous la yourte et partager un bout de vie quotidienne des familles nomades, c’est ce que j’aime le plus, le sentiment d’être coupée du monde. Sentiment de liberté, de sérénité et d’osmose avec la nature et les animaux qui t’entourent.

Campement dans les montagnes kirghizes - TDS Voyage
Enfant kirghize qui traie une jument - TDS Voyage

Parfois, se créent des amitiés !

Lorsque le séjour se termine, j’accompagne mon groupe de randonneurs à l’aéroport. « Cœur serré, presque les larmes aux yeux, sourire de bonheur et de tristesse ». Avec des sentiments émouvants, je dis « au revoir » et peut-être « à bientôt » à mes amis… Deux semaines, ça ne parait pas beaucoup, mais c’est parfois suffisant pour créer un lien fort entre le guide et ses voyageurs. On a créé notre propre aventure, notre petite histoire avec des moments inoubliables et des blagues que personne ne pourra comprendre, sauf nous-mêmes…

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