Mon voyage en Équateur
Voyage solidaire en équateur
J’ai participé au séjour en Equateur organisé par TDS Voyage avec mon mari et cinq autres personnes. Nous sommes allés dans ce pays avec un regard neuf, sans à priori. Moi j’avais vraiment envie de rencontres et j’ai été heureuse d’avoir pu assouvir cette envie surtout à San Martin Alto, dans la partie andine.
Dans ce pays, c’est la culture indienne, et j’ai aimé que les habitants des communautés où nous sommes allés soient restés connectés avec la nature, avec la dimension collective.
Mon mari, c’est l’Amazonie qui l’a marqué. Moi, ce sont les Andes, j’étais époustouflée par les paysages, les montagnes, ça me fait encore des émotions quand j’en parle. Les Andes, j’en écrirais presque un poème. C’est à la fois l’immensité des montagnes, mais surtout ce lien entre la grande force des paysages et la force des hommes qui y vivent.
En Equateur, nous avons découvert une chose étonnante. Les femmes portent des robes ou des jupes brodées mais ce n’est pas du folklore, c’est au quotidien ! Voir des femmes travailler la terre avec leurs bijoux, c’est vraiment surprenant. J’ai compris que leurs tenues traditionnelles ne sont pas réservées aux dimanches, ce n’est pas du folklore pour touriste, c’est le quotidien.
Notre inquiétude c’est l’émigration des jeunes même si ce genre d’activités de voyages et de tourisme solidaire permet le maintien d’une partie des jeunes sur place, l’émigration risque de faire perdre cette culture.
C’était aussi une belle surprise de voir Flor, notre accompagnatrice francophone (et originaire de San Martin Alto) habillée avec la jupe traditionnelle et coiffée du chapeau que portent les gens de son village. Au bout de quelques jours, nous étions capables de reconnaître d’où venaient les gens selon la forme des chapeaux.
Première étape : la communauté villageoise de Sisid
Nous avons passé trois jours dans la communauté de Sisid. De là, nous sommes allés dans un Parc national vraiment extraordinaire. Nous avons vu des loups blancs au loin, les paysages sont vraiment superbes. On a également apprécié la Pampamesa, la journée de travaux communautaires. Tout le village est venu nous accueillir à la fin de la balade. Les villageois nous ont servi sur un grand tissu et nous avons partagé tous ensemble la nourriture qu’ils avaient préparée. Ce moment était émouvant et montre bien la culture de l’accueil et de la fraternité, extraordinaires chez eux.
La pampamesa consiste toujours en ce grand repas partagé sur une immense nappe en tissu où chaque famille apporte sa nourriture. C’est la tradition. Nous avons senti la sincérité, l’ampleur de l’événement et de la rencontre.
Nous avions déjà fait un voyage au Mali où nous dormions chez l’habitant. À Sisid, nous ne dormons pas chez l’habitant. Le Président de l’association qui gère aussi le projet de tourisme solidaire, nous a bien expliqué qu’ils avaient construit un hébergement en éco habitat pour accueillir les voyageurs et que cela donnait de l’emploi à une cuisinière, une laveuse, etc.
Les habitants du village de Sisid ont organisé une soirée culturelle, avec musique et danses traditionnelles, c’était sympathique. Nous avons dansé, les jeunes filles nous invitaient, je trouve ça super positif de mettre les jeunes dans le coup.
Deuxième étape : la communauté villageoise de San Martin Alto
San Martin Alto, alors ça c’est le tip-top. On sent que c’est un village qui a une dimension collective réelle, concrète, quotidienne. Nous avons été accueillis sur la place du village par toutes les familles qui nous recevaient dans leurs maisons et aussi par le maire du village, le responsable de l’association. C’était très officiel mais pas pompeux.
Le Président actuel de leur association de développement nous a expliqué que toutes les personnes qui participent à l’accueil des voyageurs sont rémunérées.
Pour fêter les 35 ans du village, les habitants nous ont habillés avec leurs costumes traditionnels, je suis encore émue à cette pensée. Ils nous ont appris des danses, on a dansé avec eux, nous leur avons appris des danses bretonnes, tout le village était là, vraiment c’était une soirée extraordinaire. Dans cette communauté de San Martin Alto, on sent du militantisme à réfléchir à la façon dont, collectivement, le village va s’en sortir. On sent que tout est réfléchi, la répartition de l’eau, la qualité, les cultures…
Chez eux, nous avons appris sur le quinoa. À San Martin, ils ont le meilleur quinoa des Andes. Nous avons appris de A à Z le processus du quinoa, du semis que l’on a fait avec eux jusqu’à la moisson et la préparation, etc… On a butté les buttes en cours de croissance, et vraiment tout le monde a apprécié cela. On a compris que c’était leur « or » pour le développement.
Et puis nous sommes allés faire la fameuse grimpette à 5 050 mètres, celle du Chimborazo, le volcan le plus haut de l’Equateur. C’est une belle expérience. La voiture nous amène à 4 700 mètres et les 300 derniers mètres d’altitude se font à pied pour ceux qui le souhaitent. Nous avons beaucoup apprécié le guide de montagne, vraiment un spécialiste.
Beaucoup de gens du village nous ont accompagné, nous avons été très touché qu’ils quittent leur travail à cette occasion. Cela a été une montée communautaire finalement, entre nous, les sept voyageurs, Flor l’accompagnatrice, le guide de montagne et les gens du village. J’étais très impressionnée parce que au retour, en redescendant, on a tous mangé ensemble et on a découvert la fameuse technique de la marmite norvégienne, une grande marmite entourée de couvertures en laine de lama, technique qui garde au chaud le repas pendant plusieurs heures. Tout est bien pensé.
Au fameux Chimborazo, le guide est très attentionné, il sait que les européens et même certains équatoriens ont du mal en altitude, alors on monte doucement selon notre propre rythme et il respecte cela, il nous encourage. Et en haut j’ai bien apprécié, il serre la main à chacun d’entre nous en disant « vous y êtes arrivé ! ».
Au retour, les villageois ont cherché à nous faire plaisir en nous amenant voir tout un troupeau de lamas et d’alpagas, c’était un bon moment.
Troisième étape : la communauté de Shandia en Amazonie
Avant de parler de la communauté de Shandia, j’aimerais parler du trajet entre les Andes et l’Amazonie. La route est extraordinaire, les paysages sont à couper le souffle, les cascades tombent de partout, c’est magnifique.
Nous voilà arrivés à Shandia, un climat autre, il fait chaud, tropical. J’ai été impressionnée par la beauté des fleurs et des fruits. L’hébergement qui a été construit est magnifique, personnellement je l’ai même trouvé assez luxueux. Une cuisine très fine avec des produits locaux. Et puis les petites maisonnettes où nous logeons sont super confortables.
J’ai beaucoup apprécié la visite des femmes qui faisaient les bijoux et qui nous ont montré comment à partir de cactus, il est possible de faire des cordelettes et des bijoux. C’est un groupe de femmes du village de Shandia.
En Amazonie, nous avons surtout fait des activités de pleine nature. La journée dans la forêt amazonienne, super. Nous n’avons pas vu de gros serpents, tant pis pour nous !
Le premier soir en arrivant, c’était très agréable, les habitants nous ont amené tremper nos pieds dans un petit fleuve où il y avait de l’argile, on pouvait prendre de l’argile et se la mettre sur le visage, ça c’était extraordinaire. Il y avait des petits enfants qui nageaient dans la rivière comme des petits poissons, ça nous a tout de suite mis dans l’ambiance ; de la nature et des gens qui vivent bien proches de cette nature là.
Nous avons vu ce qu’était une cabosse (le fruit du cacaoyer) et fait tout le processus pour faire du chocolat.
Les grands verres de jus de fruits frais mélangés, c’était extra. Dans les trois communautés, les repas sont presque trop copieux. Tous les deux, on a trouvé super les repas, nous n’avions jamais vu ça. Très bien nourri, de bonne qualité, de bons goûts. On sent que ce sont des fruits et des légumes frais, que c’est équilibré.
Quelques réflexions
Nous avons échangé avec les gens des communautés sur leur rythme de vie, leur manière de cultiver, de vivre… Il y a une réflexion, une cohérence de leur part entre la qualité de l’élevage et la qualité de la nourriture et puis ce qui pousse localement. Il y a une réflexion pour fonctionner avec ce qu’ils ont sur place et respectant la façon dont ils vivent. Le côté coopératif, avec le moulin collectif…
J’ai l’impression qu’à chaque fois que l’on voyage ça nous « replace » sur la planète. Cela permet de se « décentrer » de la France. On le sait intellectuellement avant d’y aller, mais sur place on en prend conscience avec son corps et à travers la rencontre avec les autres. Concrètement, on rencontre des personnes qui vivent dans les Andes, qui ont une culture, une richesse, une réflexion, un mode de vie, une beauté, des bonheurs, ça permet de se replacer dans une conscience planétaire mais aussi singulière à chaque fois. Je me souviens de Lorenzo qui nous parlait de l’eau ou de l’avenir de sa communauté par exemple. À chaque fois, c’est le partage d’un souci de la vie, un partage dans le sens de réfléchir ensemble, sur la façon dont on vit chez nous, et comment ils vivent chez eux. Cela nous permet de réfléchir chacun de notre côté. C’était un véritable échange.
Pourquoi voyager solidaire
Nous avons décidé de voyager de manière solidaire parce que cela répond à nos valeurs et nos désirs de cohérence. La forme de tourisme classique et traditionnelle est plutôt destructrice pour résumer rapidement. Destructrice et capitalistique au profit principalement des agences et de ceux qui ont déjà les moyens sur place.
Notre premier désir est de partir à la rencontre de cultures différentes, ensuite, si cette rencontre permet aux gens chez qui nous allons d’avoir une vie décente et de rester chez eux plutôt que d’aller grossir les villes, on est content de participer.
Voyager solidaire, c’est véritablement une volonté humaine, solidaire, politique, économique…
Christiane