Votre village d'accueil en Tunisie
L’historique Chenini est un village berbère troglodyte situé à 18 kilomètres de Tataouine. 122 familles y vivent encore portant le nombre d’habitants à environ 600.
Le village de Chenini
Chenini la nouvelle compte elle, 650 habitants.
L’ancien village de Chenini est accroché au Dahar à une altitude comprise entre 500 et 600 mètres. Il présente plusieurs lignes d’habitations creusées dans la roche qui ceinturent le piton rocheux d’un triple anneau. Le village s’étend donc dans un « cirque » naturel, dominé par le ksar, énorme citadelle fortifiée. Chenini fait partie des très rares cités dont l’approvisionnement en eau potable est garanti par des sources environnantes.
Chenini est très charmant et bien entretenu : ses rues montantes et leurs rampes sont maçonnées avec soin. Tout est en pierre ocre. Les habitations troglodytes sont habilement creusées dans la couche tendre de la montagne, entre deux strates horizontales de roches dures qui leur servent de sol et de plafond. Ces logis sont composés d’une grande pièce à vivre où se trouve le métier à tisser de la dame du lieu, prolongée par la chambrette des parents. Des couchettes latérales sont aménagées pour les enfants. Le charme de ces maisons est lié à l’harmonie de leurs courbes, jamais semblables, dont le tracé dit les commodités de la famille. Sur le sol, on voit parfois les logettes d’un jeu de « kharbega » sorte de jeu de go (jeu de stratégie), petites cavités creusées dans le sol en lignes parallèles, dont l’ensemble dessine un carré. Une grotte étant trop exiguë pour abriter une famille entière, on en utilise souvent deux ou trois accolées, disposées parallèlement dans le flanc de la montagne. Le passage d’une grotte à l’autre se fait par la cour, aménagée en avant.
Le village est animé et bien vivant : les habitants vont et viennent, les enfants grimpent et cavalcadent, les petits ânes montent de lourds couffins. Leurs compagnons, maçons et manœuvres, les suivent ; nul n’a de bâton. À la descente, l’âne trotte gentiment, son ami à deux pattes sur le dos. Chenini évoque la main de l’homme et le pied sûr de l’âne, animal laborieux, aimé.
Il y a de la douceur et de l’affabilité à Chenini. On savoure, entre les dialogues et les saluts échangés à grande distance, le silence profond et la lumière franche qui enveloppe les hauteurs rocheuses d’un bel ocre doré.
Surplombant le village, la citadelle-grenier est un ensemble de ghorfas, petits alvéoles oblongs, à voûtes étroites, où l’on conservait huile et céréales. Superposées, imbriquées, toutes de tailles différentes, avec leurs cachettes secrètes, elles nous disent le labeur du berbère sédentaire, son sens de l’économie pour faire face aux famines, les provisions soigneusement gardées à l’abri des nomades pillards. De petites portes de palmier bardées de fer ne laissent passage qu’à un enfant et à son petit sac.
Les habitants de l’historique Chenini vivent d’agriculture et d’élevage. Depuis toujours l’agriculture a été orientée vers la satisfaction des besoins propres. La fertilité faible de cet environnement sec et aride exige une surface exploitable très étendue. La zone attenante à l’agriculture s’étend à 15 Km à l’est et 40 Km à l’ouest du flanc du Dahar. La culture des céréales, la plantation d’arbres et le pâturage représentent les bases de la vie les plus importantes de la population. Les champs de céréales sont aux alentours des digues (les jessour) dispersés dans la montagne. Les familles récoltent les figues. Dans l’oasis de la Ogla à 4 km de Chenini, se trouvent les dattiers. La récolte est mince et ne suffit pas à couvrir les besoins propres du village.
À Chenini, chaque famille possède de 100 à 200 oliviers, c’est une source de revenus importante. Les olives sont cueillies à la main ou ramassées sur le sol, le plus tard possible. Le fruit perd ainsi son eau et donnera davantage d’huile. Du fait de la sécheresse du climat, il peut se conserver pendant des années ; ceci permet de porter ses olives à l’huilerie au fur et à mesure des besoins, par peur du gaspillage. Ce sont les hommes qui montent aux ghorfas, de crainte que leurs épouses, éprises de générosité, ne puisent trop largement dans les réserves !
Les familles possèdent de 40 à 60 moutons et chèvres. Les terrains de pâturage s’étendent jusqu’à 30 kilomètres du village. Les troupeaux peuvent comprendre jusqu’à 1000 têtes et sont gardés par 2 ou 3 bergers. Le chameau est rare. Il y en a deux à Chenini, l’un fait tourner la meule de l’huilerie troglodyte.
Les dames de Chenini aiment leur métier à tisser. Métier vertical, où prennent naissance tapis et surtout « bakhnoug », épais voile de laine rouge sombre, orné de savants motifs géométriques, noirs et blancs, symboles millénaires : peignes, grains de couscous, poissons stylisés, losanges…
Vers la fin du XIXe siècle, un mouvement migratoire lié aux conditions économiques précaires de la région a entraîné le déplacement d’un grand nombre de la population masculine de Chenini vers Tunis et les villes côtières. Là, l’activité des Cheninois s’est spécialisée dans la vente des journaux et dans les travaux administratifs du Ministère de la justice !
Source : Association AAMTT (Association des Amis de la Mémoire de la Terre à Tataouine)